On appelle « réparation » la démarche de demander à une personne qui a commis un acte répréhensible d’effectuer une tâche positive pour « réparer » son acte. Il s’agit de l’inviter à passer « de la dette au don » (titre d’un livre de Maryse Vaillant) : au lieu de la faire « payer » comme dans la punition, la personne donne de son temps et de son énergie pour faire quelque chose pour sa victime, et/ou pour les autres ; il est essentiel que cette tâche soit intéressante pour elle, lui permette de donner « du bon » et d’y trouver plaisir. Presque toujours, on pose une obligation de principe (faire quelque chose), mais il est important que la personne choisisse la tâche particulière qu’elle souhaite accomplir (souvent en lien avec un centre d’intérêt, une compétence qui lui est propre). Tout cela (le choix de la tâche et son accomplissement) est encadré et le plus souvent accompagné par un professionnel. Le but est que le fautif se sente reconnu par les autres dans ce qu’il a donné de positif, au lieu d’être désigné comme mauvais par une punition (il existe des mesures de « réparation pénale », encadrées par la loi, concernant les jeunes délinquants).
« Quand on ne veut pas réprimer, comment sanctionner ? En demandant au jeune de faire quelque chose : fabriquer, créer, offrir, donner pour les autres. Ni imposer ni contraindre, mais proposer, suggérer, inviter… Alors que les sanctions classiques privent le fautif de quelque chose à quoi il attache de l’importance – son dessert à la maison, sa liberté en prison, son argent dans l’amende -, ou lui infligent la contrainte d’un acte pénible –pensum, tâche obligatoire -, les sanctions-réparations lui demandent de donner de son temps ou de son argent pour faire quelque chose qu’il aime en réparation à quelqu’un. On ne le privera pas de dessert, mais on lui demandera d’en préparer un pour tout le groupe. » Maryse Vaillant, La réparation, de la délinquance à la découverte de la responsabilité, p. 74-5
« Le sujet est invité à découvrir (seul ou) avec un éducateur qu’il choisira, le mode de réparation dans lequel il trouverait… le plus de plaisir à faire plaisir. » Pierre Kammerer, « Violence et institution à l’adolescence », Le coq-héron n°135, p. 26
voir aussi F. Hébert, Chemins de l’éducatif et Le Tarot de l’éducateur
voir aussi : stratégie du détour, « recadrage » (reframe), rituel